Une troupe, des ennuis et nous ...

Tel une fissure déchirant l'âpre paysage de sa peau, Rekonij ouvrit doucement sa paupière. D'abord rien ne parvint à ses larges pupilles noirs contournées de jaune, mais bientôt quelque lumière fit passage. D'abord une paisible lueur apparut, douce et beige et enfin il put discerner la splendeur d'une matinée bien débutée. Là, sous ses yeux, à ses cotés, dans la pénombre délicate et indécelable de la pièce se tenait la créature qui avait éclairé plus d'une journée à ses yeux mutés ...
Alhyage, telle était son nom, dormait paisiblement dans les bras rugueux de son homme au regard adouci par cette belle vision d'une femme qui dort. Alors Rec entama un petit périple de sa main sur la peau de sa dulcinée. D'abord ses doigts parcoururent les épaules puis ils atterrirent dans le dos qu'ils passèrent en vitesse avant d'arriver près d'un sanctuaire impénétrable pour enfin s'arrêter au milieu des poils doux des jambes greffées ...

Mais déjà le périple finit pour laisser place à la vraie aventure qu'est la vie. Rec sortit dans la plus douce des lenteur du lit avant de se vêtir d'un simple pantalon. Il quitta le "placard" qu'était cette petite chambre aménagée dans le Phampi et se déplaça discrètement entre les corps endormis de la troupe. Il passa par-dessus Plume en pensant aux cauchemars qu'elle lui ferait vivre à son réveil, contourna Kara en se disant qu'elle ne cessait de grandir, puis se fit encore plus discret devant Envel et son ouïe particulière.
Enfin il arriva à la porte qui grinça sous son passage comme pour anéantir tous ses efforts.

Il était enfin dehors ... Du moins sous a bâche. Relevant un pan il se mit sous le soleil du désert. Il se retourna pour admirer le travail de la troupe : les deux pics rocailleux dépassant du sable avaient aisément laissé passer le Phampi et par une chance sans précédent ceux-ci permettaient aussi que l'on tende une bâche entre leur paroi afin de créer une large ombre souvent demandée dans telles conditions.
Mais ses yeux se portèrent très vite vers les deux soleils dorés dans le ciel. Le troisième n'allait pas tarder à se lever, annonçant une fois de plus ce jour éternel qui ne cessait sa course.

Un bruit attira l'attention du nomade : derrière lui, sur un rocher dépassant quelque peu du sol se tenait immobile et droit comme une statue, le dernier membre de la troupe, Eyrtonn ; l'insomniaque. La mutation qu'il avait vécu, comme la majeure partie de l'humanité présente sur cette planète, l'avait contraint à un réveil éternel.
Rec fit donc l'effort d'aligner des pas jusqu'au perchoir. Une fois aux cotés du "gardien" il lui serra la main et s'assit.

"Alors ?"

Étrangement ce ne fut pas Rec qui posa cette question comme une demande de compte rendu de la "nuit" passée à monter la garde, mais bien Eyrtonn lui-même. Celui-ci, dans un défaut de sommeil, ne pouvait guère plonger dans les bras duveteux de Morphée et, au bout d'un moment passé en la compagnie d'une compagnie non-insomniaque il avait quémandé un rapport éthérique dés que l'occasion se présentait.

"J'ai rêvé de la Terre-Mère ..." Commença Rec. "On était tous dans un bar. Ce genre de bar qui offre à boire pour quiconque le demande. Mais moi je ne voulais rien, rien ... Le barman me demandait alors pourquoi et je lui répondait "je suis un Grabuche". Alors le silence faisait grande place dans le bar et je fut viré sans savoir comment ni pourquoi. Je vous voyais alors sortir de même. Mais alors qu'on commençait tous à repartir j'ai remarqué qu'il manquait quelqu'un ... Alhyage. Vous commenciez déjà à partir et j'essayais de vous retenir, amis rien à y faire, rien ...
Plume s'est même retourné et m'a dit "C'est elle ... Ou nous". Puis je me suis réveillé ..."

Puis, une parole ou deux furent échangées et Rec se releva et partit. Il monta un des deux pics rocailleux et arriva en haut sans grand mal. Une fois là, tel une statue ... Il admira le paysage environnant : au Sud se trouvait un désert plat et morne, tout comme à l'Est, si ce n'est quelques amas de sables voletant ; à l'Ouest une sorte de ... Désert, comme dans les deux autres directions, mais cette fois-ci le sable semblait se mouvoir de toute part ; quant au Nord se trouvait une plaine de pic rocailleux comme ceux entre lesquels ils se tenaient, mais là la roche formait une sorte d'immense dédale.

Lorsqu'il redescendit Rec héla Eyrtonn pour qu'il le rejoigne, Tous les deux entrèrent dans l'immense tente puis dans le Phampi où les autres commençaient déjà à réveiller leurs carcasses mortes.
Rec pria tout le monde de se rejoindre au centre, ce que tout le monde fit non sans railleries. Et une foisla troupe réunie il commença sa déclaration :

"Bon, voilà le topo. A l'Ouest le vaste océan de sable et ses dangers bien connues, heureusement le Phampi peut nous servir de navire de fortune. A l'Est, le désert, Plume nous a prévenu que dans ce coin il y aura de fortes tempêtes de sable et les vents ne la contredisent pas. Au Nord le labyrinthe de caillasse, rien de grave si ce n'est que c'est un repère bien connu de Scorpio et ceux-ci n'aime toujours pas les humains ... Quant au Sud, le retour et l'inconnu du vaste désert."

Il laissa là ses paroles faire effet avant de reprendre :

"Bon, on le sait tous, on manque de provisions. Munitions, nourritures, eau, essence ... Et j'en passe. Notre seule chance c'est la base qui se trouve pile poil au Nord de notre position, derrière la plaine de pics. Par le territoire Scorpio on coupe et avec beaucoup de chance on évite les ennuis. Par l'Est ou l'Ouest on contourne les plaines rocailleuses et on arrive quand même à la base.
Et par le Sud on retourne sur nos pas ... Et avec encore plus de chance on rencontre une autre troupe."

Là il arrêta vraiment ses propos et laissa les autres apposer leurs avis.

Entendue sur ses draps de tissus multicolores, Alhyage poussa un léger soupir quand la grande main de Rec' se posa contre son dos nu. Elle sentit la paume tiède descendre le long de sa colonne vertèbrale jusqu'a ses jambes greffées, elle la laissa faire avec un léger sourire étiré sur les lèvres et les yeux clos. Elle laissa s'échapper un nouveau soupir bienheureux et elle entendit le nomade se lever puis s'habiller. Elle n'allait pas tarder à se lever elle aussi, pour affronter le lot de péripéties qu'apporterait cette nouvelle journée à la petit tribu. Enfin, si on pouvait parler de journée quand la nuit ne tombait jamais ...

Avec un effort de volonté, Alhyage se redressa sur le lit et étira ses bras. Elle ramassa ses habits d'étoffe légère bigarrés de rouge et de violet et s'en vêtit avec les gestes paresseux typiques du réveil. Une fois prête, la jeune femme se pencha sur un tiroir encastré dans le mur afin d'économiser de la place, l'espace au sol étant presque entièrement occupé par le matelas. Elle l'ouvrit et en tira une petite capsule de verre et une sorte de seringue. Ses doigts habitués chargèrent la première dans la seconde, après quoi ils trempèrent l'aiguille dans un petit flacon resté dans la boîte. Enfin, elle actionna un petit mécanisme qui fit se retracter entièrement l'aiguille dans le corps de la seringue et elle la contempla avec une attristée.

- Puisqu'il le faut ... murmura t'elle avec une pointe de regret.

Alhyage dénuda son cou et plaqua dessus la seringue. Elle pressa un petit bouton et la pointe de métal s'enfonça brutalement sous sa peau avec un petit sifflement, arrachant une grimace à la nomade. L'anti rejet s'écoula dans sa chair en répandant une affreuse sensation de brûlure sur son passage. Passant la main sur sa peau pour enlever la petite goutte de sang qui y perlait, Alhyage se dit qu'elle n'avait guère le choix et après tout, dans quelques heures elle ne sentirait plus rien.

Elle avala enfin deux cachets tirés d'un tube qu'elle fourra dans une de ses poches et elle noua son cheiche violet autour de son cou pour dissimuler un tant soit peu les plaques rouges qui commençaient à apparaître. Et elle sortit.

- Allez les amis ! lança t'elle à ses jeunes équipiers qui émergeaient de leurs couchettes. Il est l'heure de se mettre en route ! Le devoir nous appelle.

Le devoir ! Quelle expression ! Ils savaient à peine quelle direction ils allaient emprunter ... Mais qu'importe, car pour des nomades, il n'y a jamais de route tracée. Rec' arriva alors dans la pièce et annonça le briefing quotidien. Tout le monde suivit et quelques minutes, le chef commençait son petit discours. Tout le monde couta avec attention et enfin, Alhyage prit la parole :

- C'est tout décidé, il faut qu'on aille au nord, c'est hors de question de continuer alors que toutes nos réserves sont presque à sec ! A moins que certains ici ne souhaitent mourir d'inanition ou de soif. Hum ?

Elle considéra un instant son auditoire, un brin indécis et enchaina d'un ton badin :

- Et si on a de la chance, on pourra atteindre la base à temps pour la foire annuelle. Voila, donc moi, je suis pour aller au nord !

La jeune femme croisa les bras et envoya un petit sourire de défi à ses compagnons.

Décidément, Rec fait des rêves de plus en plus étranges, pensa Eyrtonn, qui depuis quelques temps essayait de déchiffrer les réelles significations des rêves, faut d'en être privé. Il déscendit avec lui et le suivi jusqu'à la tente où l'air y était plus "frais", il rencontra tout les autres membre de la troupe, se réveillant à peine de leur torpeur.
Pendant que leur leader exposait le problème qui se posait à eux, à savoir le taux de vivre s'amenuisant de jours en jours, et sa solution à choix multiple, le pilote du Phampi examinait soigneusement comme chaque matin les différentes éraflures écaillant la peinture du véhicule de quelques tonnes, c'était, mine de rien, un geste important, sachant que la couleur d'origine du Phampi que les ingénieurs d'Atharion 01, cette ville dont il ne voulait plus avoir affaires, avait dans leur grande érudition, avaient choisis, à savoir une couleur noir foncée au plus haut points, n'était étonnamment pas compatible sur un territoire éclairé et cramé en permanence par 2 soleils. Sans ce revêtement spéciale, le Phampi serait une vraie fournaise.
-...Et si on a de la chance, on pourra atteindre la base à temps pour la foire annuelle. Voila, donc moi, je suis pour aller au nord !

Eyrtonn fit un bond d'étonnement et mais réagit doucement, comme à son habitude.
-Il faut savoir que les scorpio ne sont pas les bêtes les plus gentilles du désert, un coup de pince pourrait sans aucun doute rayer pour de bon la carrosserie.Il attendit que ses dires fassent effets, puis continua : Mais outre ce problème qu'on peux toujours contourner... le territoire des scorpio est fait de 4 rochers par mètre carré et ce sur une longueurs dépassant les centaines de kilomètres... je vous dis pas l'état du Phampi et surtout de son revêtement anti-chaleur qui n'a pas encore tout a fait prit.Par contre, continua-t-il, notre moyen de transport seraient assez lourd pour tenir une dizaines de minutes face à une tempête moyenne, après cela, il faudrait l'enchâsser dans le sable, je n'ai jamais essayé... Mais en faisant tourner le Phampi sur lui même jusqu'à arriver à une vitesse suffisante, il aura 80% de chance de s'enfoncer dans le sable, il ne restera plus qu'à attendre que la tempête s'éloigne. Certes cela nous prendra plus de temps qu'en y allant en ligne droite mais au moins nous n'aurons pas besoin de changer de Phampi.

Écrivain débutant Nombre de messages : 72 Date d'inscription : 24/06/2009

Plumaraya Alec

Un souffle léger s'échappait de la bouche de la fillette. Elle dormait profondément, ses poings resserrés sur sa couverture défaite quand Rec passa au dessus d'elle.
Quelques instants plus tard, elle se releva d'un bond, déjà réveillée et en pleine forme. Elle jetta un regard vers Kara et un sourire malicieux s'étendit sur ses lèvres.
Hop ! Ni une ni deux elle était sortie, et à peine le temps d'un clin d'oeil elle revenait avec du sable tout chaud dans les mains.
Plume en saupoudra Kara et partit vite en courant, très contente d'elle. Elle s'assit en tailleur au côté d'Alhyage, s'amusant à enfouir ses mains et ses pieds dans le sable bouillant, pendant que Rec parlait de pleins de trucs différents dont elle avait strictement rien à faire, occupée déjà à prévoir les farces qu'elle allait pouvoir faire ce jour.

Voila, donc moi, je suis pour aller au nord !

Là, Plume émit son grain de sel et tendit le doigt dans la direction de l'ouest.

Par là bas ! Pasque de l'autre côté y'a une tempête qui arrive !

Elle avait une peur bleue des tempêtes, et préférait de loin affronter n'importe quoi plutôt que d'avoir du sable dans les yeux.

Malgré l'effort surhumain que dut fournir Rec' afin de faire le moins de bruit possible en passant non loin de la couchette de Envel, le bruit de ses pas retentit tout de même dans les oreilles de celui ci tel un coup de marteau fracassant le sol. Il aura beau porter toutes les boules quies du monde, rien ne pourra lui épargner ce vacarme permanent. Cependant depuis le temps que cette mutation s'était manifestée, en plus de son odorat, le jeune homme s'était accoutumé a cela. Il resta donc la tête posée contre son cher oreiller en ignorant ce boucan qui ne devait s'avérer que purement temporaire. Mais hélas le bruit de cette bonne vieille porte grinçante tira une bonne fois pour toute Envel de son sommeil. Il leva de suite la tête, poussa un grognement significatif et se releva finalement. Celui ci ne pourra dormir plus longtemps de toute évidence.

Alors que le jeune homme enfilait sa tunique il put entendre la conversation qu'entretenait Rec avec Eyrtonn, l'insomniaque de service. Celui ci était en train de confier son rêve on ne peut plus sibyllin et révélateur a son ami. Le jeune homme secoua alors la tête et pensa "S'pas mes affaires après tout". En effet, les rêves que faisait le chef ne l'importait guère. Il lâcha alors un bâillement, se tourna et, alors qu'il s'apprêtait a sortir, celui ci assista a une des nombreuses farces de Plume, la petite peste de groupe. Celle ci titubait joyeusement, un tas de sable entre les mains, qu'elle ne manqua pas d'étaler sur Kara, la copilote et mécanicienne du Phampi âgée de quinze ans seulement.
Face a ce spectacle Envel ne put s'empêcher d'afficher un léger sourire amusé. Laissant a la jeune fille le plaisir de se lever recouverte de sable, celui ci se rendit au centre du Phampi afin d'écouter le discours bien que très ennuyeux mais d'une grande importance de Rec. Quatre directions s'offraient a eux. Tout plus dangereuses les unes que les autres. Alhyage, la femme du chef proposa après avoir déclaré quelques arguments, de passer par le nord. S'ensuivit la réponse de Eyrtonn, qui pour sa part conseillait de partir vers l'Est. Malgré son vocabulaire technique concernant le Phampi que Envel eut bien du mal a comprendre, etant loin de posséder de nombreuses connaissances en machines, il rejoignait son avis. Alors qu'il allait prendre parole ce fut au tour de la petite Plume qui, pointant la direction de l'ouest annonça qu'une tempête étant sensée arriver du coté opposé. Celle ci avait une véritable phobie des tempêtes. Envel en était conscient. Pourtant ce fait ne le fit pas changer d'avis, au contraire, contredire cette gamine s'avérait d'autant plus plaisant. Il croisa les bras et ouvrit finalement la bouche :

-Pour ma part, je suis d'accord avec Eyrtonn. Je doute donc que ce soit la peine que j'étale les mêmes arguments que lui hein... Il leva la tete et afficha son habituel sourire qui pouvait sembler narquois. Et puis a quoi bon s'inquiéter pour une petite tempête ? On en a déjà vécu d'autres, c'est pas une de plus qui nous tuera. Sauf peut être Plume, d'une jolie crise cardiaque héhé.

Ne mesurant pas ses propos, Envel ne se rendait pas vraiment compte de la certes, petite cruauté mais cependant présente de sa phrase. Ses propos la plupart du temps provocants étant une grande caractéristique de la personnalité de celui ci...

Maître des lettres Nombre de messages : 308 Date d'inscription : 12/07/2009

Kara dormait profondément d'un sommeil plutôt agréable jusqu'au moment où elle sentit un élément chaud couler le long de son corps telle de l'eau, c'est alors qu'elle se réveilla remarquant que l'élément "agréable" était en fait du sable qui s'était insinué partout dans sa couchette. Elle sortit donc de son demi sommeil d'un bond et regarda autour par réflexe. Voyant que l'ensablement de sa couchette n'était pas du a un accident ou une tempête, elle se tourna vers l'hypothèse "Plume". Se levant elle alla se dépoussiérer et s'habiller, elle réfléchissait a sa vengeance en mettant ses longs cheveux désensablés en queue de cheval. Elle sortit avec sa couchette pour la secouer dehors et localisa Plume qui jouait dans le sable avec un air d'ange. Kara remit sa couchette en place et descendit. Elle se mit au parfum de la discussion et se plaça derrière Plume en disant :

"Je suis pour l'est mais les autres directions ne me gênent pas... Et toi Plume tu va prendre la direction verticale..."

Sur ces mots elle prit la jeune fillette et l'emmena sur un des plateformes du Phampi, une belle plateforme pas trop haute mais avec une belle vue plongeante sur l'étendue de sable du désert, et elle jeta Plume dans le sable. Puis elle redescendit manger un petit peu en se frottant les mains sans écouter les plaintes de Plume.

Bien évidemment les arguments ne se firent pas attendre.

Alhyage proposait, à juste titre, de prendre le chemin le plus court afin qu'aucun manque ne se fasse sentir. Eyrtonn, dans son habituelle envie de survie du véhicule principal, proposa l'ouest et ses moindres risques en ce qui concernait le Phampi. Plume exprima clairement sa peur rationnelle des tempêtes de sable dévastatrices. Envel suivit Eyrtonn non sans oublier une petite remarque satirique. Et enfin Kara exposa un avis approximatif avant de s'en prendre à la cadette.

Rec, appuyé sur sa moto et les bras croisés avait écouté toutes les paroles avec attention et en avait tiré tout ce qu'il avait besoin de savoir pour sa futur tâche.

"D'accord ... Donc, si j'ai bien cerné la globalité de vos propos on irait vers l'est. Dans ce cas je propose plutôt la direction du nord-est. On peut longer les pics rocailleux durant le voyage et si les tempêtes s'annoncent trop fortes on se mettra à l'abri derrière leurs parois ..."

Il laissa donc là l'information et commença à se préparer pour sa prochaine sortie. En passant prêt d'Envel il se pencha vers lui et lui parla silencieusement afin que seul lui entende :

"La prochaine fois que t'as une remarque acerbe à faire, essaie plutôt l'humour."

Depuis quelques temps déjà Rec trouvait ce personnage un peu gênant quant aux relations du groupe, mais sans pour non-plus qu'il ne le soit trop. Rec n'aimait pas ça.

Quelques minutes plus tard on vit le ressortir du "placard" vêtu et prêt à suivre la route de la vie ...
Il s'adressa alors à tous ceux encore présent :

"On fait comme d'hab', vous préparez le tout, on part d'ici 10-15 minutes ..."

Montant sur son bolide il lâcha un "à toute" avant de disparaitre derrière des volutes des sables ...

Le vent sifflant, le sable griffant, le soleil tapant ... Pris dans l'ivresse de la vitesse Rec ne cessa pas de faire rugir sa "bête" avant d'avoir atteint sa vitesse de pointe. Rien ne semblait bouger autours de lui, les couleurs ne variaient pas. Le désert et son éternel "variété" ... Ce n'est qu'en regardant dans son rétroviseur que l'éclaireur de la troupe put se rendre compte de sa vitesse.
C'est pendant ces moment, les plus calmes et monotones que Rec se branchait sur un autre monde. Tout devenait flou, rien ne comptait plus ... Il était bien loin de tout ça. Il pensait. Il repensait à chacun de ses compagnons et prenait leur cas un par un :
-Plume ne changerait donc jamais. A cet âge c'est normal ...
-Kara, plus belle chaque jour, elle ne cessait son incroyable progression d'adolescente.
-Eyrtonn et sa foutue manie à vouloir préserver plus le Phampi que ses amis. Il ne cesserait donc jamais d'emmerder le monde celui-là. Mais ça ne causait pas de torts.
-Envel ... Rec ne se souvenait même plus comment il était rentré dans la troupe celui-là ... Trop discret sans doute.
-Et Alhyage ... Là ce fut un calcul qui fit place à l'esprit d'analyse de l'éclaireur. En fin du calcul tous les éléments indiquèrent une seule et même chose : le temps de survie de sa dulcinée s'amincissait de jour en jour. Seule humaine du groupe elle devait consommé beaucoup plus d'eau que les autres, surtout avec cette paire de pattes puisant toute l'énergie de ce frêle corps.
Rec mit un coups sur le tableau de bord de l'appareil et laissa s'échapper une larme ...

"Foutu sable !" Pensa-t-il.

Il revint tout de même sur la terre ferme pour admirer le décors : Une longue et immense étendue de sable brulant et inconfortable, une grand montagne rocheuse et une immense et majestueuse tempête plus meurtrière que jamais.

Rec prit rapidement le micro attaché à sa "bête".

"Rec appelle Phampi !"
"Phampi reçoit Rec." lui répondit la voix monotone d'Eyrtonn.
"Éclairage effectué. Tempête type ... 3 ou 4 à 1 ou 2 jours d'ici. Stop."
"Reçu 5 sur 5. Je fais passer le mot. Tu reviens ?"
"Non, je reste pour voir la suite des mouvements ... Et attend ! Ne dit pas l'ampleur de la tempête à Plume. Dis lui plutôt qu'elle devra se cacher dans le "placard". Stop."
" ... Reçu."

La communication fut coupé. Rec descendit de la bécane et posa sur la tempête un regard ampli de crainte.

"Si on se sort de celle-là ..."

L'échelle "Sandstrorm" était clair :
-type 1, aucun danger apparent.
-type 2, attention requise.
-type 3, matériel de survie spécial nécessaire.
-type 4, danger, à éviter.
-type 5, mortelle.

Alhyage baissa un instant le regard et plissa le front. Aller à l'est, c'était accepter de courir de gros risques de manque. Elle s'inquièta surtout pour la petite Plume qui detestait les tempêtes et qui subirait sans doute le plus la pénurie d'eau. Malgré le fait qu'elle ait en partie muté, elle n'était encore qu'une enfant et elle restait très fragile. Mais l'est avait malgré tout été voté à l'unanimité, et il fallait se plier au décisions du groupe. C'était ça, former un clan. Soudain, Rec' éleva la voix et Alhyage releva la tête vers lui :

- D'accord, commença t'il. Donc, si j'ai bien cerné la globalité de vos propos on irait vers l'ouest. Dans ce cas je propose plutôt la direction du nord-ouest. On peut longer les pics rocailleux durant le voyage et si les tempêtes s'annoncent trop fortes on se mettra à l'abri derrière leurs parois ...

La jeune femme acquiésa intérieurement et se sentit assez soulagée de cette décision. La traversée serait sans doute moins ardue en suivant une route située entre les deux extrèmes.

- Envel, viens m'aider à replier les bâches, lança Alhyage, quelques minutes après le départ de Rec'. Kara et Plume, vérifiez que rien ne traine dehors et Eyrtonn, prépare le bolide ! Faudrait pas perdre nos bonnes habitudes !

Elle commença à s'atteler au démontage des toiles qui faisaient office de pièce supplémentaire à l'habitacle du Phampi. D'ailleurs, elle se dit qu'il serait grand temps de les changer car de gros trous commençaient à les ronger. A quoi bon monter des substitus de mur si ils étaient aussi percés que des passoires ? A rien bien sur ... Elle nota ce détail dans un coin dans sa tête et se promit de s'en occuper en arrivant à la base.

Et soudain, une brève pensée traversa son esprit. Un léger souffle de vent tiède souleva ses cheveux et la jeune femme se sentit merveilleusement bien, malgré tout ce qu'elle savait qu'elle allait devoir affronter. Elle se sentait à fleur de peau et prête à tout affronter à la fois. " Et il faut que je dise un truc à Rec' aussi ... Oh et puis, je lui parlerais plus tard. " songea t'elle. Sur ce, elle enroula son pan de toil, replia les piquets et se retourna vers Envel.

- Tu y'arrives ?

-...Non, je reste pour voir la suite desmouvements ... Et attend ! Ne dit pas l'ampleur de la tempête à Plume. Dis lui plutôt qu'elle devra se cacher dans le "placard". Stop.
- ... Reçu.

Il y avait de la friture sur la ligne, la tempête s'annonçait belle et bien.
Eyrtonn avait bientôt finit la "check-list" : les roues motrices à piques rétractables (pour les gros monstres) se repliaient correctement, le compteur d'huile de zlukut pour les freins désignait le niveau maximum de stockage, les petits problèmes liés au moteurs avaient été réglé par Kara et la carrosserie du phampi brillait de propreté. Le pilote du véhicule principale du groupe enclencha alors le rechargement en énergie solaire, nécessaire à la mise en route du poids très-lourd. Le tout était d'aller très vite car même s'il était un grabuche et que sa résistance à la chaleur était accrue, il n'en était pas moins qu'il était un être vivant ayant des besoins nutritionnels obligatoire pour sa survie... et puis au camp de ravitaillement il y avait aussi le coins automobile, avec toute les nouvelles améliorations qu'un pilote puisse rêver pour son Phampi. Enfin, il fallait penser à Alhyage, le médecin du groupe, coordinatrice avec son compagnon Rec des actions que le groupe entreprenait et surtout non-mutante, c'est grâce à elle que son bras droit tenait encore sur son épaule, depuis ce scorpio.... Eyrtonn sentit un petit souffle froid traverser son corps lorsqu'il se remémora la scène, ce qui le poussa à revenir dans le présent.
La recharge solaire était presque à 100%, il ouvrit alors la fenêtre de sa portière pour héler Alhyage, justement.
-Tout est OK chef, informa-t-il, paré à partir !

En sortant la tête par l'ouverture de la portière, il sentit le vent léger partant de l'est pour se taper sur son visage bronzé par les rayons omniprésent du soleil, représentant un insomniaque aux allures mélancoliques... tout le contraire de ce qu'il deviendra après la mise en marche du Phampi effectuée.
Il rentra alors sa tête à l'intérieur du véhicule pour mettre en marche le système radar. L'antenne sur le toit se mit alors à tourner sur elle même. À travers le récepteur il remarqua un fil blanc très mince, de quelques centimètres, qui se déplaçait très lentement vers le fond du cercle au sud. "Un vers géant" pensa Eyrtonn qui avait apprit à déchiffrer les signaux des radars pendant la Vielle Bataille. En analysant un peu l'image il souffla "Heureusement il ne se dirige pas vers nous, et nous ne nous dirigeons pas vers lui".
La seule chose qu'il fallait faire face a un vers géant du désert, ou versus magnus malus, était de courir. Mais pas n'importe comment : le plus vite possible uniquement.

Écrivain débutant Nombre de messages : 72 Date d'inscription : 24/06/2009

Plumarya Alec

Plume se fit soulever soudainement de terre. Elle se débattit et hurla de toutes ses forces.

Nan !! Mais lâche-moi !

Ses petits poings tapant dans le dos Kara. Elle se fit jeter dans le sable comme un vulgaire sac.
Il lui rentra dans les narines, s'insinua dans ses vêtements, et se colla sur ses mains moites. La gamine toussa pour se dégager les voies respiratoires et se releva d'un bond. Elle donna un coup de pied dans le sable. La guerre était déclaré, elle allait voir ce qu'elle allait voir !

Plume glissa sur la dune de sable d'un geste assuré, et s'amusa à faire un grand saut dans les airs.

Yahouuuu !

Le désert elle adorait. Un terrain de jeu immense.
Elle rejoignit les autres juste pour entendre la décision prise. Le nord-est !

Ah nan ! Pas par là, y'a une tempête !!

Tape du pied sur le sol, d'un air furibond.

Vous comprenez rien à rien vous !

Elle exécuta tout de même les ordres, mais de mauvaise grâce. Le camp fut parcouru en petite foulée et les objets ramassés un à un pour être mis à leur place.

Le désert ... Du sable, du vent, de la lumière et des foutues tempêtes !
Que demander de plus ?

Les yeux jaunes or de Rec scrutèrent une fois de plus l'immense tempête qui s'offrait à lui : elle était vraiment loin et pourtant paraissait si grande, ces volutes impressionnantes démontraient parfaitement sa puissance, sa couleurs très opaques faisait de même, quant à sa position géographique on pouvait dire qu'elle était vraiment merdique par rapport au passage que la troupe allait emprunter.
La contourner ? Impossible et trop risqué, si la tempête bougeait ils se retrouveraient en plein dedans.
Changer de direction ? La décision avait été prise ...
Passer au travers ? ... Comme disait un vieil adage Terrien "Qui ne tente rien ... Ne tente rien".

Rec se retourna pour voir le Phampi rouler vers lui.
Les autres avaient fini les préparatifs, le départ avait été sonné.

- - -

La journée qui suivit fut silencieuse et lourde. Les soleils, comme muent par un désir ardent, firent chauffer le Phampi plus que jamais pendant que ses occupants travaillaient en silence.

"Le calme avant la tempête." fit remarquer Envel pendant un de ces moments peu bruyant.

Le silence en fut encore plus lourd en repensant à ce qui les attendait ...

Ça arriva deux jours après le départ. Rec dormait paisiblement, Alhyage soignait Plume qui s'était blessé en voulant réparer un embranchement défectueux, Eyrtonn conduisait, Kara regardait avec intensité les écran de la cabine de contrôle et Envel affutait ses lames ...
Un tremblement d'une intensité soudaine fit comprendre à tous et à toutes que la tempête leur était enfin tombée dessus.
Rec, d'un bond fut sur pieds et prêt à se battre. De quelques cris il fit comprendre à tout le monde qu'il fallait s'activer. Des ordres précis furent donnés : fermeture des portes et des trappes, sécurisation des vitres, anarchage et magnétisation du matériel et des véhicules, vérification des effectifs, rentrée des antennes et tourelles, etc ...
L'éclaireur de l'équipe commença par vérifier la présence de chacun puis sauta sur sa moto qui risquait à tout moment de glisser dans la petite pièce qu'était la soute du Phampi.

La tempête avait enfin débuté et elle ne s'était pas faite attendre.

- Essaie de faire plus attention la prochaine fois petite maladroite ! Je veux pas que tu te refasse une bosse comme celle là, sermonnait gentiment Alhyage.

Un gros bleu décorait le haut du front de Plume et la jeune femme s'affairait à la recouvrir d'une pommade blanche et froide. Dans trois jours, ça n'y paraitrait plus ... Mais Alhyage avait eu une belle peur en voyant la taille de l'hématome et avait craint un quelconque traumatisme.

- Voila, ça devrait aller mieux. Et rappelle toi, fais bien att ...

Elle ne termina pas sa phrase. Une secousse sourde venait de faire trembler le phampi. Il ne lui fallut pas un instant de plus pour comprendre que l'action commençait. Elle vit Rec' bondir hors du Placard tout en lançant des ordres à ses compagnons. sans attendre, Alhyage replaça son matériel dans la trousse de soins, claqua le tiroir et grimpa l'échelle qui donnait au dernier "étage" du Phampi. L'humaine ferma toutes les écoutilles d'un geste habitué, quand elle osa un coup d'oeil dehors. Un gigantesque mur de sable fondait droit sur eux en rugissant et en faisant trembler le désert entier.

- Par tous les diables, laissa t'elle s'échapper, le souffle court.

La tempête était monstrueuse, prête à les ensevelir sans merci et elle emplissait de terreur le coeur d'Alhyage. Même elle qui avait pourtant traversé de nombreux cyclones de sables, elle ne pouvait s'empêcher d'éprouver une peur grandissante à chaque fois qu'une nouvelle rencontre se produisait.

Elle s'arracha alors à son immobilité, boucla le battant de fer et dégringola dans les étages inférieurs.

- Ouvertures fermées au premier ! parvint elle à haleter. Mettez les masques !

D'un coup de poing sur une sorte de bouton rouge plaqué dans la paroi metallique, elle fit s'ouvrir une trappe et décrocha plusieurs masques accrochés dedans. Ce n'était pas ce genre d'objets qui leur sauverait la vie, mais au moins, ils leur offriraient quelques minutes cruciales si jamais le sable parvenait à s'infiltrer dans leur refuge.

Elle en saisit un et le plaqua sur le visage de Plume,l'attacha avant de faire de même sur elle et prit la petite dans ses bras tout en la forçant à s'assoir. Il fallait évite

Alors que de son coté, Envel se contentait d'affuter ses précieuses lames qui lui avaient tant servi auparavant, un bruit étrange se fit entendre. Il put percevoir une sorte de sifflement. Il connaissait bien ce sifflement là, il ne l'avait cependant jamais entendu d'une telle puissance auparavant. Plus les secondes s'écoulaient et plus ces sifflement se faisaient puissants, perçants. Il plissa un œil, signe que ce bruit était fort désagréable, même si depuis le temps il s'était habitué a cela. Ce fut le tremblement de terre d'une ampleur conséquente qui lui confirma l'arrivée imminente de cette tempête.
Plume ne s'était pas trompée.
Le jeune homme entendit alors retentir les ordres gueulés par Rec, dont le son de sa voix laissait parfaitement paraitre le stress de celui ci.
Envel se chargea alors de la sécurisation des vitres. Au travers de celles ci il put entrevoir la fameuse tempête arriver : un gigantesque mur de sable. Imposante, c'était le mot. Voir terrifiante même, de quoi faire fuir la l'intégralité de la "faune" locale. Il regarda celle ci approcher quelques instants. Il était tout a coup pris d'un certain sentiment. Ce n'était cependant pas de la peur. Un sourire s'afficha a ses lèvres, les yeux pétillants, il regardait ce spectacle avec émerveillement et ne lâcha qu'un seul mot.

-Incroyable..

Le jeune homme adorait les défis. Et il se trouvait en face de lui un défi de taille. En effet, ses chances de survie, a lui et toute l'équipe étaient extrêmement minces, cela rendait la situation délicate, ce qu'il affectionnait donc tout particulièrement. Après avoir jeté un dernier léger coup d'œil en direction de la tempête, accompagné d'un sourire, celui ci se chargea des vitres restantes puis redescendit a l'étage des commandes, lieu où bien évidemment ce cher Eyrtonn, ne quittant quasiment jamais son siège se trouvait. Envel attrapa un masque, le plaqua contre son visage puis vint derrière le pilote.

-Non mais t'as vu cette tempête ? C'est hallucinant, j'en avais quasiment jamais vues de pareilles avant. Tu sauras nous sauver de "ça" ?

Il accompagna sa phrase d'un léger ricanement, signe d'encouragement sans doute, puis lui tapota l'épaule.

Peu à peu cette tempête ce rapprochait, et même à des kilomètres du phampi elle paraissait monstrueuse, Eyrtonn appréhendait ce qu'il allait bientôt faire quand Envel lui avait fait la remarque.
-J'ai vu beaucoup de tempêtes dans ma vie, certaines sont impressionnantes mais ne sont enfaite que des murs de sables dense contenu dans des légers vent, parfois même des brise... pas celle si.

Il fit sans trop le savoir le même sourire que Envel puis enfila des lunettes d'aviateur de son père, lui donnant une allure de mouche géante mais bizarrement un certain style non négligeable.
-Les scorpio même les plus lourds vont s'envoler si une partie de la tempête s'engouffre dans les caillasses, un danger de plus à prendre en compte.

Une petite sonnerie retentit, celle de son encyclopédie portative virtuelle Wikhurricane. Elle avait enfin trouvée le nom de cette tempête ne parcourait le désert qu'à cette période de l'année. "El tormenta" lit-il "je me demande si ca va me servir ?"
-Il va falloir accélérer, 6eme vitesse pour percer suffisamment et pas repartir en arrière tout de suite.

Dans tout le véhicule la tension était palpable, même Plumaraya avait cessée de parler, du moins pendant un moment, c'était donc l'un des seuls moment où le silence prenait place dans le Phampi.
Eyrtonn, contraint de briser ce silence, appuya avec une sorte d'amertume sur le bouton de mise en route du moteur à 1024 chevaux de l'engin... et une explosion pétaradante suivie ce geste. Le véhicule s'arrêta brusquement.
-C'est normal ? Entendit Eyrtonn qui ne cherchait pas à savoir qui l'avait dit, conscient maintenant qu'il aurait préférer entendre le tigre dans le moteur plutôt qu'un vieux pet d'éléphant.
-Eyrtonn, la tempête arrive, qu'est ce qui ce passe ? fit Rekonij, juste à côté de lui.
-Laisse moi réfléchir, laisse moi réfléchir, répéta le conducteur, essayant de percevoir le vrombissement du moteur pour tenter de comprendre la raison du problème.
-Réfléchis vite, si tu veux prendre assez de vitesse pour pouvoir traverser le mur, il te faudra...
-... tout au plus 20,7 kilomètres.
-La tempête est à 40 kilomètres. informa Envel.

Des chuchotement se firent entendre, Envel s'assit alors dans la place du co-pilote pour comprendre se qui se passait, Eyrtonn fit le vide autour de lui, fermant les yeux et n'écoutant que la voix de Envel, comptant les nombres de kilomètres avant l'arrivé de la tempête.
-30... 29... 28...

"Passer la septième ? Reset le compteur d'électrons à protons ? Non, il te faut autre chose..."
-24... 23... 22...

Lors de cette dernière seconde le temps pour Eyrtonn s'arrêta, il entendit un léger clappement du moteur, sa main frappa alors sur un bouton parmi tant d'autres sur la commande de bord à gauche de lui, le moteur pétarada aussitôt et partit droit vers la tempête qui grondait.
La rapidité de l'action étonna le groupe, si bien que les 20 derniers kilomètres à 220km/heure passèrent promptement, un éclair dans les yeux de Eyrtonn frappait du regard la tempête, son rival. Le passage dans la tempête par contre bouscula tout la troupe et les décolèrent de leurs sièges, de 220km/h le véhicule passa à 50.
On ne voyait qu'à 2 mètres à la ronde, les radars déraillaient, seule la boussole restait fiable. Des cailloux frappaient la carrosserie sans arrêt, provoquant un bruis était infernal, il suffisait d'une petite feinte dans le phampi pour que le vent s'engouffre et vienne se superposer au bruit ambiant dans un sifflement horrible.
"Allé, encore quelques mètres... bon, quelques Centaines de mètres... voir quelques kilomètres."
Le compteur de vitesse chutait au rythme des dizaines de secondes, si le phampi s'arrêtait avant qu'il puisse sortir du monstre, c'était finit, heureusement la tempête était moins dense vers les rochers des scorpio, d'ailleurs l'un des leur heurta de plein fouet le pare brise du Phampi, Envel enclencha le lave-vitre qui repoussa le corps du scorpion géant collé tel une mouche sur une vitre khar-glass. Il crut apercevoir aussi un vers de terre géant, sortit du sable et volant à quelques mètres, mais ce ne devait être qu'une hallucination.

Prit au milieu d'un déferlante de rage naturelle le groupe ne pouvait qu'espérer. Espérer une fin proche, espérer une chance insolente, espérer un virement de situation désespéré, espéré un miracle, espérer ...

Rek avait sanglé et magnétisé tous les véhicules présents dans la soute, fermé toutes les issues, rentré un panel d'antennes et de protubérances gênantes pour les manœuvres du Phampi, mordu dans un bout de nourriture passant prêt de lui et fait tout ce qu'il avait put pour leur survie ...
Et après cette agitation soudaine le calme revint. Les grincements du sable contre la paroi furent pendant un long moment le seul et unique bruit alentours. Tout le monde était silencieux et avait les yeux braqué sur la cabine de commande. Eyrtonn était seul contre la tempête ...

Le silence ...

...

Ce ne fut que quelques heures plus tard qu'on put discerné un net changement dans le fond sonore : celui-ci baissait ...
L'espoir revint en même temps que les prières, pour la plupart adressées à Eyrtonn et ses talents de conducteur émérite.

Quelques minutes suffirent enfin pour que le bruit disparaisse et qu'Eyrtonn apparaisse le pouce haut et la voix beuglant sa supériorité naturelle. La joie prit place en un instant et le groupe éclata. Ils avaient gagné, ils avaient vaincu cet adversaire ... Une victoire qui était habituelle pour les habitants du désert, mais toujours aussi intense malgré les années passées.
Rek saisit la main du conducteur et esquissant un grand merci avant de prendre Alhyage dans ses bras et d'entamer une danse chaotique. Et ainsi tout le groupe célébra le passage pendant un cour instant avant de reprendre les activités délaissées. Le sourire pouvait se lire un peu partout ...

Du haut de sa cabine l'insomniaque annonça que la base n'était plus qu'à un jour de route et qu'aucune intempérie ne s'annonçait. Tout allait pour le mieux ...
Mais alors pourquoi Rek gardait en lui cette mauvaise sensation ? Une sorte de gout étrange lui restait en bouche, comme si tous les ennuis ne faisaient que commencer.

Le crissement terrible du sable tourbillonnant autour du blindé donnait l'impression à Alhyage de nager en plein dans un cauchemar.Un cauchemar récurrent ... La poussière pouvait à tout moment forcer une ouverture plus fragile que les autres et envahir le refuge, noyant ses occupants sous sa masse. L'idée de mourir ainsi lentement étouffée, privée d'air et griffée par le sable faisait battre un peu plus fort encore le coeur d'Alhyage. Elle garda ses bras serrés autour de la petite Plume dont la tiédeur de la peau l'empêchait de laisser la peur la submerger. A ce moment, tout les espoirs de survie de la troupe reposaient sur la dextérité d'Eyrtonn et sur le bon vouloir de la chance ...

Et enfin, après un long moment qui laissa à Alhyage un sentiment d'éternité, le vent retomba et le silence revint reprendre son droit sur le désert. Alors Rek poussa un cri de joie et il fût bientôt suivit par tous ses compagnons. Alhyage ôta son masque et celui de Plume alors que son nomade de fiancé la saisissait dans ses bras pour la faire virevolter dans tous les sens. Elle poussa un éclat de rire emplit de soulagement et déposa un bisou sur la joue de Rek'. C'était fini. Ils avaient vaincus la tempête et ils connaitraient enfin un peu de répit. Ou du moins jusqu'a la prochaine tempête ... En attendant, la base était toute proche et rien ne semblait pouvoir entraver leur route. Il ne fallait pas pour autant se laisser aller car le désert est imprévisible.

- Les tempêtes ont au moins ça de bon qu'on est toujours heureux d'en sortir intact ! lâcha Alhyage en se un peu du cou de Rek'.

Elle saisit alors un crayon retenu par une ficelle et traça un bâtonnet sur le mur interne du Phampi.

- Ca nous fait maintenant ... 32 tempêtes, toutes catégories ! Ca commence à faire ! Maintenant, à boire pour tout le monde, ce serait bête de mourir desséchés après ça.

L'humaine se dirigea vers le distributeur d'eau et y remplit plusieurs gourdes qu'elle fit passer à ses amis. Dans des moments comme ceux qu'ils venaient de traverser, l'organisme perdait beaucoup d'eau, à cause de la chaleur, du stress ... Elle liquida de grandes lampées d'eau, qui, bien qu'elle fût un brin tiédasse, lui fit un bien fou. Elle chassait aussi bien sa soif que le mauvais goût que l'angoisse lui avait laissé dans la bouche.

- Allez, à notre santé, fit elle en brandissant son récipient et en poussant un soupir de soulagement.

Assis a la place réservée au copilote, Envel ne manquait pas d'informer sans arrêt Eyrtonn de la distance qui séparait cette tornade effrayante du Phampi, et d'appuyer sur divers boutons, tout en conservant son calme. En effet, afin de pouvoir manœuvrer correctement le véhicule, et cela en toute certitude et sérénité, le pilote nécessitait d'une quiétude complète autour de lui. Le stress risquait fort de perturber celui ci, l'amenant ainsi a faire une potentielle fausse manœuvre, qui aurait été fatale au groupe.
Ceci n'arriva point. A l'aide de sa dextérité légendaire, et de son expérience des tempêtes, le pilote parvenait a faire face a son "adversaire".
Cet affrontement perdura de nombreuses heures. Et durant tout ce laps de temps, Envel dut supporter l'horrible vacarme provoqué par tempête, qui s'avérait être une véritable torture. Il tentait tant bien que mal d'accomplir son rôle de copilote et d'informer Eyrtonn des renseignements sur la tornade, se révélant capitaux. Depuis tout ce temps, après avoir bravé jusqu'ici trente et un cyclone, le jeune homme avait du s'y accommoder, et s'y préparer, a chaque fois que l'une d'entre elle était susceptible de survenir.

Peu a peu, le bruit du vent s'atténua, avant de se taire complètement.
Ils avaient réussi. En particulier Eyrtonn, dont une partie considérable du mérite revenait, bien que chaque individu au sein du groupe avait permis ce triomphe, a leur façon. Une infime poignée de seconde s'écoula, avant que l'intégralité de l'équipe explose de joie, cette euphorie étant extériorisée de par leurs cris de victoire. Envel se leva de son siège, et ne manqua pas de tituber un instant, avant de s'appuyer aussitôt contre une paroi, l'évitant ainsi de tomber. Victime d'un mal de tête passager, provoqué par le boucan provoqué par le vent, cela n'empêcha pas à son sourire de perdurer. Il observa alors chaque membre de l'équipe et constata le bonheur qui planait a présent au sein du Phampi.
Rek se précipita vers sa chère et tendre Alhyage, avant de la serrer dans ses bras de toutes ses forces. Le reste du groupe souriait, et riait aux éclats. Ce qu'ils venaient d'affronter n'était cependant d'une tempête, un évènement plutôt courant de par chez eux. Toutefois, braver l'une d'elle demeurait un mérite de taille. En effet, a chaque tornade, ils risquaient a tout moment de périr, ce qui, bien heureusement, ne se produisit pas une fois. Envel tapota de nouveau l'épaule du pilote, tout comme il fit au début de la tempête, avant de déclarer, dans un sourire :

-Pas mal, pas mal. Mais évite quand même d'attraper la grosse tête après tout ça.

A vrai dire, il lui était davantage redevable qu'il ne le laissait paraitre, mais sa fierté mal placée l'empêchait de l'extérioriser. De plus, il ne souhaitait pas que ces nombreuses victoires affectent les capacités de Eyrtonn, pouvant devenir un peu trop sur de lui.
Le jeune homme se tourna ensuite vers le reste de la troupe, et attrapa l'une des gourdes que lui lança amicalement Alhyage, qui souleva son verre, un sourire victorieux aux lèvres, et lança dans un soupir de soulagement :

- Allez, à notre santé.

Envel fit de même, avant de vider quasiment sa gourde. Faire face a une tempête de cette ampleur était quelque chose d'on ne peut plus éprouvant. Et cela avait fréquemment pour effet de déshydrater le corps.
"Tout de même, ça ne reste qu'une tempête.." Malgré tout, Le jeune homme ne pouvait s'empêcher de conserver un arrière gout amer de cette victoire. Il avait comme l'impression que la chose dont la troupe dut faire face, n'était qu'un épisode insignifiant, comparé a ce qui pouvait les attendre par la suite. Si ils trimaient de la sorte afin de faire face a un cyclone, qu'est ce que cela pourrait donner contre quelque chose dont la dangerosité pouvait s'avérer supérieure... Il décida de ne pas s'encombrer davantage la tête de ces idées pessimistes, pour le moment, et se contenta de vider sa gourde, en lançant deux trois remarques bien a lui a ses compagnons, tout en conservant son éternel sourire.

-Pas mal, pas mal. Mais évite quand même d'attraper la grosse tête après tout ça.
-Merci, susurra Eyrtonn d'une façon pratiquement inaudible.

Il était tellement heureux et soulagé qu'il en restait sans voix, il remarqua Alhyage tirer le 32ème trait des tempêtes qu'ils avaient traversés sur un des murs du pampi, avant qu'elle ne revienne dans le petit carré de fête improvisée. Eyrtonn se souvenait de chacune de ces tempêtes avec précision, comme des adversaires qu'il fallait vaincre pour gravir les échelons d'un classement imaginaire. C'est en se remémorant la dernière, puis l'avant dernière et celles d'avant qu'il eu un étrange ressenti.
-24 martul, type 1,8... 27 apratil, 1,5... 8 jouillait 2,4... 2,5... 2,5... 2,7... 2,75... 2,9... et aujourd'hui : 3,6...

"Et s'il y avait un lien ?" pensa-t-il " Si ca allait empirer ?". Il eu froid dans le dos rien qu'en y pensant, de telles phénomènes ne pouvaient être provoqués que part des changements trop important et trop rares pour qu'il en soit témoin un jour, " à moins que ce ne soit que des coïncidences et que je m'affole encore pour rien... mais ce Sont des coïncidences et Je m'affole pour rien !".
Il retira les lunettes d'aviateurs de son père et les rangea dans la boite à gant devant lui, regarda sa boussole pour vérifier s'il ne s'était pas trop éloigné de son chemin et après avoir soufflé une dernière fois, et rejoins l'élan collectif en brandissant à son tour sa gourde presque vide :
-Santé.

Maître des lettres Nombre de messages : 308 Date d'inscription : 12/07/2009

Kara avait du mal à ouvrir ses yeux. Une vive douleur la vrillait au niveau de la jambe. Elle ouvrit ses yeux. Elle regarda sa jambe brisée par un paquet de barres de métal tombées.

Elle regarda autour d'elle et vit le local technique du Phampi, tout d'abord elle ne se souvint pas pourquoi elle était là. Puis elle se souvint : La violente tempête battait la carrosserie du Phampi. Elle allait voir que tout était en ordre dans le local technique, quand une rafale secoua le véhicule et la fit tomber contre un mur.

Une fois ces évènements remémorés, elle remarqua que beaucoup de matériel était tombé de leurs rangements avant d'être attachés. Kara entreprit d'enlever les barres de métal de sa jambe et se releva en s'appuyant sur une étagère a coté d'elle. Essayant d'avancer tant bien que mal, elle trouva une barre qui lui ferait une béquille improvisée.

Elle alla dans l'infirmerie et de fit une attelle provisoire. Elle avait l'habitude des accidents, en tant que mécanicienne cela arrivait fréquemment et elle avait appris a se soigner en attendant l'infirmière. Elle prit une vraie béquille et alla vers les autres.

-Alors, y a eu des dégâts ? dit elle avant de prendre un verre.

Aux vus de la jeune fille blessée sortie d'on ne sait où les activités reprirent, mais cette fois ci, sans l'ombre menaçante et pesante d'une tempête mortelle au dessus de leurs épaules.
La joie était passé sur le groupe comme une tempête sur le désert.

Les réjouissances finies et le Phampi à son état normal, Rek prit donc sa bécane et partit sillonner les environs.
La tempête n'avait pas trop abimé le décors et les soleils tapaient toujours aussi fort. La route suivie n'avait pas été dévié, sans doute grâce aux talents d'Eyrtonn … et les prévisions étaient bonnes pour les prochains jours. Autant dire que tout allait bien.
Du moins tels étaient les espoirs de Rek …

---

La journée suivante se déroula sans encombre aucunes et au petit matin du second jour Rek put enfin annoncer qu'ils arrivaient à la Station.

Station-3333, tel était son nom, se trouvait exactement à la bordure nord de la plaine de rochers et faisait face au désert omniprésent. L'archipel rocailleuse, comme on l'appelait, comptait à ce jour quelques bons milliers d'habitants dont la moitié n'était que de passage. Elle arborait fièrement ses bâtiments métalliques, signe distinct de technologie et de protection. Malgré cela elle était crasseuse et poussiéreuse comme tout refuge du désert. Mais L'archipel rocailleuse était la seule station dans un périmètre de 3333 km (d'où son nom), alors chacun prenait sur soi.
Les ravitaillements étant très irréguliers et les marchands peu scrupuleux, on pouvait observé un étrange marché ici-bas : tout semblait trop cher et de mauvaise qualité. De même le vol et l'arnaque semblaient être considérés comme normaux, ainsi que plusieurs autres pratiques illicites. Mais sous couvert de préserver la tranquillité qui s'était installée en ces lieux, tout voyageur passait par le bourg en affichant un sourire forcé et un arsenal imposant.

Au retour de l'éclairage de Rek un réunion s'imposa :
« Bon, d'après ma première visite la station n'a pas changé d'un poil depuis la dernière fois, alors on y reste pas trop longtemps. Eyrtonn tu trouve un garage bon marché et tu me remets en état cette bicoque, Kara tu l'accompagnes, Envel tu refais la réserve de nourriture et d'eau, Plume tu essais de vendre ton don et lésine pas son ton jeu d'actrice, met en leur plein la vue ! Chérie tu fais le stock de médoc et babioles, je crois bien qu'on n'a plus de ressort pour les machines. Je m'occupe des plans pour la suite du voyage.
On se retrouve à la taverne du Caillou ce soir.
Une légère pause s'installa et après un regard dans son auditoire il ajouta :
Et profitez aussi pour souffler un peu, on s'en est bien sorti. »
Les infos données et l'argent distribuée chacun prit sa route.

Pour Rek c'était le marchand de pièces détachées. Sa moto avait bien besoin d'un bon coup de neuf et comme la dernière fois l'éclaireur se dirigea vers le meilleur bâtiment dans le genre, « la grotte tu vieux Hobze ».Un espèce d'antre de métallurgie étrange où Rek fut accueillit par un vieux barbu torse nu à l'allure de fou.
« Rekiltruc, que nous vaut ta présence en ces lieu ?! » lui fit-il dans un grand sourire éclairant ses rides.
« Ta grotte me plait bien papy et ma moto a besoin de tes pièces. »
S'en suivit de longues discutions mêlant achat, histoires loufoques, papotages divers et ventes à la fin desquels Rek sortit dépouillé de toute forme d'argent et avec sous le bras un moto presque neuve.

Au coin d'une rue il croisa la petite Plume en pleine activité qu'il salua de la main. Cette idée de vendre la météo à fort prix se relever, certes peu gracieuse, mais très rentable.

Dans sa recherche du Phampi pour y ranger son engin Rek flâna entre les rues. De la périphérie de la ville on ne voyait qu'une grande palissade formée de bric et de broc avec un supplément naturel de rochers, mais vu de l'intérieur c'était un amas de bric et de broc avec un supplément naturel de rochers. Le soleil était jaune, le sable, donc le sol, jaune, les maison jaune et même les habitants laissaient transparaitre une certaine couleur naturellement jaunâtre. Seul point fort, la diversité du peuple faisait ici un grand bon en avant : les Grabuche côtoyaient greffés, greffés côtoyaient humains, humains côtoyaient Scorpio (certes, peu nombreux) et quelques Breuteux se fondaient dans la masse. Et cette foule dense et bruyante semblait éternelle. Le jour ne s'arrêtant jamais et les transports faisant de même le commerce allait de bon train, au point que jamais on ne voyait décroitre la populace dans la rue.
Au détours d'un chemin Rek aida un grand et large Grabuche à la peau rocailleuse (au sens propre du terme) à transporter une caisse plus grande que lui. En retour il reçut un Broussay, fameux fruit du désert connu pour son goût exécrable et son jus abondant.

Le motocycliste retrouva Eyrtonn dans un garage richement décoré en entrailles de machines qui négociait un « Recycleur d'énergie solaire à tri-pistons inversés ». Ne sachant même pas à quoi servait cet engin Rek déposa sa moto dans le Phampi et repartit aussi vite qu'il était apparu.

Ses pas le menèrent ensuite dans le plus imposant bâtiment de la ville : la Bibliothèque. Itharion n'étant qu'un jeune et fraiche planète aux yeux humains il restait encore beaucoup de points inconnus en ce monde. C'est pourquoi il fut instauré en chaque ville une Bibliothèque où serait regroupé toutes les informations récoltées jusqu'à là. Et dans ces bâtiments chacun pouvait apporter ou rechercher ces découvertes sur un réseau planétaire pour le moins efficace.
Rek y apporta donc la base de données du Phampi et la mis à jour. Les informations y était mise en réseau puis mise à jour en fonction des découvertes effectuées dans les derniers mois. La compagnie de Rek avait découvert trois espèces de lézards (dont 1 comestible), deux camps de Scorpio, quelques informations géographiques et enfin des milliers d'informations météorologiques. Et depuis leur dernière mise à jour plus de 345 545 394 espèces en tout genre avaient été découvertes (dont 4 comestibles par les humains et 6 355 par les Grabuche), 35 camps de Scorpio (dont 30 hostiles envers les humains) et plus de 4 568 502 Kilomètres-carré (dont 3 421 120 dangereux).
Enfin il regarda la carte géographique et météorologique pour les prochains jours à venir.

Ses objectifs accomplis il sortit pour voir le deuxième soleil commençant sa chute vers l'horizon ardent. Dix minutes plus tard il arrivait à la taverne du Caillou. Visiblement il était le premier du groupe, il s'installa donc en terrasse et sirota une boisson alcoolisée en attendant ses compagnons.

-Bah mon vieux, elle t'a pas ratée.

Eyrtonn, en pleine auscultation du Phampi après l'indication de Rec, constatait l'étendu assez déplorable de la machine. À l'aide d'un petit calepin il notait avec exactitude les pièces manquantes, abimés, ou hors d'état de fonctionnement. Le pire se trouvait à l'intérieur du moteur, il ne sait comment mais du sable c'était introduit dans quelques pièces maitresse du mécanisme d'avancé, le manœuvrement 5x5 était lui aussi hors d'état de marche à cause d'un caillou ayant surement fait déraillé le système automoteur, sans parler de la recharge à énergie solaire dont une pièce plus qu'importe s'était endommagée gravement pendant le voyage et du passage de vitesse qui était déjà défectueux avant la tempête. Après avoir tout listé il referma toutes les issues. Puis il prit la route avec le Phampi en direction du Quartier des Automobiles.
-Garage de l'oncle Ben... Joe le taxi-dermatologiste... Décoration d'intérieur...

La dernière fois qu'il avait fait escale ici on lui avait conseillé un garage spécialisé pour les phampi, qu'il le trouva au bout de quelques minutes.
Le "P'hampélup" était Le garage des Phamkers qui cherchaient les meilleurs et les plus rares pièces et mécanismes qui existaient sur cette automobile dont le tirage fut limité à 1000 exemplaires, le reste des automobiles étaient des répliques mal faites de phampi : moins puissantes et moins spacieuses.
Il y avait du monde aujourd'hui, une trentaine de clients pour 5 employés mais le garage était suffisament volumineux pour en accueillir le double, Eyrtonn reconnu du premier coup d'œil le patron de l'endroit, un vieil ami de l'ancienne guerre qui lui aussi faisait partie de l'armée de terre :
-Raoul Mops !

Le sus-dit se retourna alors et se rapprocha, c'était un homme de la quarantaine, chauve et d'une corpulence assez imposante.
-Swid Eyrtonn ! Ça faisait longtemps !
-Trop longtemps, t'as bien remonté la pente on dirait.
-Comme tu le vois, les affaires marche plutôt bien, qu'est ce qui t'amène ici d'ailleurs ?
-Une grosse tempête...
-Ha, raconte.

Eyrtonn lui conta alors son "combat" contre "El tormenta", bientôt d'autres Phamkers vinrent se joindre à l'audience, une telle histoire émue presque la moitié de l'assemblé, surtout quand il exposa le bilan de l'histoire et les nombreuses séquelles du Phampi après la tempête :
-Maintenant faut que je trouve de quoi la remettre en marche, conclu-t-il, une Ayston Phampique 2200, c'est inestimable.
-Je comprend, suis moi dans la réserve, j'ai au moins ton recycleur d'énergie solaire à tri-pistons inversés...

Eyrtonn croisa alors Rec qui regardait si tout se passait bien, il lui fit un signe du pouce et le pilote acquiesça, puis il repartit d'où il était venu après avoir déposé sa moto aux allures neuves à l'intérieur du Phampi.
-Je te suis, reprit-il.

La réserve du garage était 2 fois plus grande que le garage en lui même, toutes les pièces qui composaient le Phampi étaient pour les plus communs en nombre du milliers, les plus rares en dizaines à peine, le recycleur en faisait partit. Sans lui, impossible de charger le Phampi pour le démarrer, et tout ce qui demande une quelconque énergie non plus.
-Alors les recycleurs sont ici, il désigna une boite en haut d'une étagère de 3 mètres, le démultiplicateur de direction de 5x5 modèle Geronimo 3.0 juste là,par contre on est en rupture de stocke pour ce qui est du transfugeur de particules photonique mais je te propose un séparateur de particule nucléaire doublé d'un condensateur de photons à répartition rotative, avec ça tu perd un peu de maniabilité mais tu gagne des chevaux, en moyenne plus 3 centièmes pour arriver au 100km/h.
-T'aurai pas à répartition inversée ponctuelle au lieu de rotatif ? Ça fera déjà moins cher.
-Attends je vais te trouver ça... J'ai aussi reçu hier une fournée de GPS-bur nouvelle génération, ca t'intéresse ?

Les GPS-buried ou le système de positionnement par satellites enterrés étaient le must pour se diriger dans le monde entier, sa vielle boussole électronique améliorée avec son radar faisaient pâle figure par rapport à ce bijou technologique qui étaient utilisable partout dans le monde, pas comme ces deux outils rudimentaires ne marchant que dans le desert. Mais le prix... Rec ne serait pas enchanté voir pas très content, s'occupant des finances du groupe il était assez pointilleux pour ce qui était du superflu.
Quelques minutes plus tard Raoul et Eyrtonn arrivèrent avec un petit sac de pièces plus étranges les unes que les autres, la plus fragile était une sphère de verre remplit d'un liquide flottant à l'intérieur et étant relié à une dizaine de prises.
L'installation fut rapide mais le marchandage le fut moins, Eyrtonn put tout de même négocier une belle ristourne en l'honneur du bon vieux temps.
-Reviens quand tu veux Eyrt' ! Fit Raoul à côté du Phampi où Eyrtonn était installé, réglant les derniers préparatif sur son nouveau GPS disposé à côté du compteur de vitesse.
-J'hésiterais pas !

Arrivé devant le lieu de rendez vous, il gara l'auto juste à côté et rentra dans la Taverne où se trouvait dans une table ronde Rec sirotant un verre en attendant le reste des acolyte. Eyrtonn déposa son sac à coté de la chaise où il s'assit et commanda à son tour une boisson revigorante.

La Station-3333. L'un des rares endroits où l'on pouvait rencontrer des traces de civilisations dans ce gigantesque océan brûlé. Perchée au sommet du Phampi, son chèche violet et orangé rabattu sur la tête, Alhyage observait le bastion des sables qui se faisait plus proche à chaque seconde. Elle remarqua que la partie ouest s'était couverte de nouvelles cahutes de fortunes et que de nouveaux velums récolteurs de rosée avaient été tendus sur la dune du nord. Mis à part ça, la Station-3333 restait fidèle à elle même : pleine de couleurs, de voyageurs de toutes origines et de malfrats de tout poil. Car la civilisation est comme une carcasse qui attire toujours une multitude incalculable de charognards ...

Alhyage échafaudait mentalement le programme de sa journée alors qu'elle scrutait la ville au loin. Elle irait d'abord chez Lahahilimanè, la guérisseuse qui connaissait presque tous les maux dont il était possible de souffrir, pour remplir son armoire à pharmacie et pour acheter une attelle correcte à Kara. La pauvre Kara ... Comme si elle avait besoin de se casser une jambe ! mais bon, la fracture aurait pu être bien pire et Kara était encore fringante, dans quelques semaines, on n'en parlerait même plus. Ensuite elle irait acheter de nouveaux vêtements pour remplacer tous ceux qui avaient rendu l'âme, et elle ferait le plein de petits objets qui pourraient être fort utiles. Et enfin, elle se rendrait là où elle pourrait trouver des anti-rejets. Rien qu'a penser à cela, la nomade serra les dents. Les greffes étaient considérées comme illégales, les anti-rejets le devenaient aussi par conséquent. Ils étaient délicats à synthétiser et les ingrédients qu'ils contenaient, difficile à se procurer. Tous ces éléments en faisaient des denrées rares qui alimentaient un intense trafic, perpétré par des gens souvent peu fréquentables. Mais elle n'avait pas le choix, il lui fallait ces médicaments et, de toute façon, elle savait comment s'y prendre avec les dealers.

Quelques heures plus tard, elle se retrouvait seule en train d'arpenter les ruelles sinueuses de la Station-3333.

- Salut à toi ma grande, je peux t'aider ? demanda un homme en djelaba bleu nuit en voyant arriver Alhyage.

Elle le fixa droit dans les yeux, pour bien lui spécifier qu'elle n'était pas ici par hasard. Le berbère était assis sur un bidon rouillé, sur le pas d'un taudis croulant a peu près identique à tous les autres qui bordaient la rue étroite et sale. Il suçait nochallement un glaçon qui lui fondait à moitié entre les doigts et regardait Alhyage d'un oeil où brillait une étrange lueur de malice. Mais Alhayge n'allait pas se laisser intimider, en aucun cas elle ne le devait ! Elle s'approcha encore un peu, le visage masqué à demi sous son chèche et tous sens en alerte.

- Ca dépend. Mais ça risque d'être compliqué ... répondit elle.
- Ah oui ?
- A vrai dire, je cherche comment recoller les morceaux.

A ces mots, l'inconnu arrêta lécher son pain de glace et plissa le front.

- Où ça ? questionna t'il alors d'une voix acérée.

En guise de réponse, Alhyage souleva le bas de sa tunique, dévoilant ses pattes musculeuses. Le visage du trafiquant se barra alors d'un sourire étrange et, d'un hochement de tête, il fit signe à la jeune femme d'entrer dans la cahute. Un couloir étroit donnait directement dans un patio enserré entre les maisons bancales. Avec une pointe de stress, Alhyage sentit que le gardien la suivait dans le corridor et lui bloquait toute chance de retraite. Elle n'avait plus le choix, elle devait avancer. Dans la petite cour intérieure, plusieurs inconnus étaient attroupés et discutaient avec animation. En voyant la nomade arriver, deux silhouettes s'avancèrent d'un pas rapide vers elle, leurs yeux brillaient d'avidité et leurs pupilles dilatées au maximum révélaient une consommation très régulière de drogue. De la Retourne-gueule sans doute, à voir leur démarche saccadée. D'emblée, ce fût une femme qui aborda Alhyage.

- Alors qu'est ce qu'on veut ? On peut tout t'trouver ici ! Morphine, Grincedent, Tonnerre de Zeus, Kali's dream, EB315 ... Et on fait le meilleur prix ici ! Allez, dis moi tout !

Elle passa un bras autour des épaules de la nomade et l'entraîna près d'un tas de coussins dans un coin. L'autre silhouette suivit, mais ne semblait pas vraiment se préoccuper de ce qui se passait et se contentait de déambuler à leur suite, le nez en l'air. " Il n'a pas du prendre que du Retourne-gueule celui là ... " pensa Alhyage en s'asseyant prudemment. Sous sa tunique, elle gardait la main posée sur la garde de son poignard.

- Je veux du Sarpan-14 et du FRR-A. En dose un pour huit cent. Et une fiole de morphine aussi.

Pas la peine de tergiverser, il fallait demander le plus clairement possible. La vendeuse l'observa un instant de ses yeux tremblant. Après quoi elle claqua des doigts et son drogué d'acolyte se précipita dans une des cahutes. L'étrange femme alluma une petite pipe qu'elle sortit de sous sa djellaba et la proposa à sa "cliente". Alhyage refusa poliment, tout en se retenant de vomir en sentant l'épaisse fumée bleuâtre qui sortait de la pipe. La trafiquante haussa les épaules en tirant une grande bouffée. Le drogué revint enfin quelques minutes pus tard avec un carton dans les mains qu'il menaçait à tout moment de laisser tomber par terre. La vendeuse le prit et tendit la pipe à son assistant qui lui arracha avidement et se mit à engloutir d'énormes goulées de fumée.

- Sarpan-14. FRR-A. Morphine, énuméra la femme en sortant les fioles du carton une par une. Que du bon. Je te fais ça pour 2000 et avec on te refile des seringues.
- 2000 ? rétorqua Alhyage. Nan, la dernière fois j'ai eu tout ça pour 1500 et c'était de la morphine absolument pure. Alors je prends ça pour 1500.
- Je peux pas ma belle, je peux pas ! Tu sais que la milice est sur les dents en ce moment, c'est dur ! C'est dur d'avoir tout ça. Alors si tu veux je te le fais pour 1900.
- J'en prends 1500, pas plus !
- Je ne peux pas à moins de 1900, c'est 1900 ou rien.
- Je ...

Alhyage n'eût pas le temps de finir sa phrase, l'autre drogué s'était à moitié jeté sur elle et tâtait ses habits du bout de ses doigts fébriles.

- Belle fille ! Viens avec moi et on te laisse tout ! Oh oui, on laisse tout !
- Non ! Hors de question ! Lâche moi !

Elle se leva et tenta de reculer mais l'autre l'aggrippait fermement. La panique commençait à l'envahir.

- Bonne idée, dit alors la vendeuse. Reste une heure ici et on te fait tout pour 1500. T'inquiète pas, ils se mettront pas à plus de trois sur toi. Promis.
- Oui, elle est qu'a moi ! hurla le déglingué qui maintenait Alhyage avec force.
- Non ! Dégagez !

Ne sachant plus quoi faire, la jeune femme perdit tout son calme et dégaina son poignard avec lequel elle entailla le bras du traficant. Il poussa un hurlement, les effets de la drogue éxarcerbant la douleur et la lâcha, mais le gardien de la porte bondit sur elle et tenta de la désarmer. Les quelques autres personnes présentes dans le patio commencèrent à s'agiter et plusieurs autres types accoururent. Alhyage envoya un coup de poing dans l'oeil du gardien et parvint à lui échapper, mais la seule issue possible était inaccessible. Et il fallait absolument les antidotes à Alhyage car elle n'aurait pas la chance d'en retrouver après cela. Sans réellement réfléchir, elle courut droit vers un mur et commença à l'escalader, dans l'espoir de pouvoir rattraper le carton et d'échapper à cette clique de drogués par en haut. Mais la barre métallique sur laquelle elle avait pris appui se détacha du pan de mur et la nomade chuta en arrière. Elle ne sentait plus son coeur tant il battait vite sous l'effet de la peur et elle se traita intérieurement de sombre andouille pour ne pas avoir demandé à Rek' de l'accompagner. C'était une situation sans issue ... Avec son seul poignard, elle ne pourrait tenir ses adversaires en respect que deux minutes à peine, après quoi, c'était sans doute la mort qui l'attendait, ou peut être encore pire.

L'énorme véhicule de Ljeko bravait les dunes de sable sans trop de difficultés apparentes. L'engin ressemblait a un gros 4x4 de couleur brune. Une immense calandre surplombé l'avant, et deux petits phares fluorisaient une chétive lumière bleuté. De chaque côté il y avait de grands bouts de taules soudé a la carcasse pour protéger des petits projectiles, pierres. Les vitres étaient teintés noires. Les portières se soulevaient a un mètre de plus du toit, sur lequel était disposé plusieurs projecteurs. Derrière le véhicule, on apercevait encore de longues trainées de brume de sable.
Le jeune homme roulait rapidement, il voulait absolument arriver a la Station-3333 avant que le soleil soit au zénith. Il avait plusieurs courses a faire. Il devait passer chez un revendeur de pièces détachés, mécanicien, et acheter quelques médicaments.

Quand le jeune homme arriva a la station, il se hissa difficilement a travers les rues avec son véhicule. Il se dirigea vers le bazar d'un vieux commerçant dont il avait l'habitude de marchander. Il s'y dirigea immédiatement. Il gara son véhicule a l'entrée. Il descendit en bondissant, et avança dans l'antre du vieillard. Ce-dernier discutait avec un Grabuche. Il attendit, assis sur un caisse. Quand le Grabuche partit, il lui jeta un regard noir. Il détestait les Grabuches, mais il ne pouvait se résoudre a quitter leur territoire. Ljeko s'approcha du vétéran et discuta quelques minutes avec. Il lui donna un genre de système de forage portable qu'il sortit du coffre en échange. Il lui serra la main et reparti dans les rue.
Il traversa les grandes avenues, puis emprunta un petit boulevard. En traversant la rue, on l'observait étrangement. Ljeko se demandait ce qui passé. Il passa une main sur son visage. En effet une mèche de cheveux dépassait amplement. Léo la replaça derrière le morceau de tissu qui cachait le reste de son visage, et se mit a courir a travers la rue. Au bout, il se retourna : Personne. Il posa ses main sur ces genoux en courbant son dos. Il était essoufflé, ça ne le gênait pas. L'important était que personne n'est vu la mèche de ces cheveux bleus.

Ljeko avait rendez-vous chez Lahahilimanè. Il lui fallait quelques doses de vaccins et des fioles d'azote et d'hélium liquide. Mais sur la route il entendu de grands cris féminins, suivit de hurlements graves. Ce n'était pas pour passer en héros, mais il s'y rendu. La curiosité. Il se précipita vers la scène. Il aperçu la femme, coincés entre trois hommes. Il mit ses mains contre ses hanches, les fit glissés plus bas, attrapa les deux revolvers par la gâchette, tout en prenant soin de n'exercer aucune pression sur celle-ci. Il leva un bras, le tendit, visa lentement l'omoplate de l'homme le plus proche de la jeune femme et tira sur la gâchette. Un bruit sourd et roque se fit entendre. L'horrible bruit d'une balle qui traverse la chair, et le craquement d'un os transpercé. Sans oublier qu'après il y eu hurlement de douleur et le clique métallique des balles qui se touchent dans le chargeur. L'homme tomba a terre.
Ljeko s'approcha, pensant qu'après ceci les acolytes auraient peur, mais il dégainèrent leurs armes aussi. L'un attrapa la femme par le coup. L'autre se mit a tirer dans tout les sens. Le jeune homme se mit derrière une colonne. Il entendait le bruit des balles qui heurtaient la pierre. Il voulut regarder, mais on tira une fois de plus. La balle évita le jeune homme. Il profita de cette occasion pour se jeter a terre. Il tira dans les jambes de l'un des agresseurs. Celui si tomba plus vite que le Greloche l'aurait pensé, alors il se prit une balle non-désiré dans l'abdomen. Il devint bleu. Les poumons étaient touchés. Ljeko se leva, s'approcha lentement du dernier homme, qui tenait la femme en otage.

- On fait un marché ?
- Je t'écoute. lâchât salement le dernier homme.
- Laisse moi la femme et je te laisse partir. C'est équitable ?
- Hum. Pose tes armes a terre. Et je partirai.

Ljeko posa ses armes a terre. A peine toucher le sol, le Grabuche leva son arme et tira au hasard en direction du "sauveur". Ljeko eu seulement le temps de reprendre une de ses armes a terre. Il tira, juste une balle. Elle transperça l'oeil de l'agresseur. Après, Léo fut étonné d'entendre 4 bruits de balles qui transpercent la chair. Il se sentit lourd, fatigué. Il baissa le regard. Trois impact sur son corps. Il les regarda, releva la tête en direction de la femme. Le regard questionné, peureux, terne. Léo tomba lâchement sur le sol. On entendu le bruit d'un corps qui tombe sur les carrelages. Le battement de ces paupières fut de plus en plus lent, pour qu'elles ne clignent plus du tout. "Tombe dans les pommes"

Alhyage resta plusieurs longues secondes appuyée contre un mur, les yeux sur son improbable sauveur qui venait de s'écrouler au sol. La jeune femme n'avait pas vraiment saisit tout le sens de la scène, tout s'était passé si vite ! Elle l'avait aperçu alors qu'il débarquait au milieu de ces drogués pour se joindre au combat et lui venir en aide. La nomade devait bien l'avouer, cet homme, c'était la providence qui l'avait envoyé, sans lui, elle serait sans doute déjà morte, écorchée et violée … Un énorme soupir lui échappa mais son souffle se coupa tout aussi rapidement, elle venait d'enfin se rendre compte que si l'homme s'était affalé par terre de la sorte, c'était parce qu'il venait de se prendre plusieurs balles dans le cornet !

Tout la brume qui occupait l'esprit d'Alhyage s'éclipsa et sa conscience professionnelle de médecin pris le dessus. Elle s'assura que les autres trafiquants avaient tous fuit ou trépassé et elle s'avança vers le blessé. Il respirait encore, assez mal mais il respirait. Elle tâta son pouls et observa l'emplacement des balles. « Bas de l'abdomen, les intestins ont du en prendre un coup … J'espère que la vessie ou le foie n'ont pas été touchés ou ça risque de devenir très sérieux. Il faut que je bloque les saignements. Mais d'abord, le laisser respirer ! » pensait elle en vrac. Avec précautions, elle dégagea le chèche du visage du jeune homme et manqua de faire un bond quand elle vit une mèche de cheveux bleus dépasser du tissus. Un greloche ! Mais qu'est ce qu'il faisait ici bon sang ? Pas le temps pour les questions ! Greloche ou pas, il était en danger et elle se devait de faire tout son possible pour lui. Une vie pour une vie, c'est équitable. Mais pour lui sauver la vie, Alhyage devait d'abord l'évacuer d'ici et le ramener jusqu'au Phampi où elle pourrait l'opérer. Dans cette cour sale et lugubre emplie de l'odeur de la mort, elle ne pouvait rien faire. Mais comment le ramener ? Elle ne pouvait pas le porter, elle ne tiendrait pas longtemps avec un type sur le dos et elle risquait d'aggraver son état. Alors quoi ? Le trainer ? Bon, un peu d'organisation ! Tout d'abord, il fallait empêcher l'hémorragie à tout prix.

Elle ôta la longue lanière de tissus qui lui servait de ceinture et fit de son mieux pour l'entourer autour de la taille de son blessé sans trop le bouger. De faibles gémissements lui échappaient et rappelaient à Alhyage qu'elle devait faire vite. Une fois que l'abdomen du jeune homme fût à peu près bien bandé, elle se leva et observa alentour, cherchant un moyen de remorquer la victime jusqu'à la caravane. Elle entra dans plusieurs baraques et scruta leur obscurité pouilleuse et enfumée. Mais il n'y avait dedans pas grand chose d'autre que des cartons remplis de substances illicites, des coussins ramollis à force d'être utilisés et des caisses pleines d'objets plus ou moins singuliers … Mais rien qui puisse être utile à Alhyage. Sentant de plus en plus l'urgence, elle galopa dans la rue qui, étrangement, était complètement déserte. Le gardien ne surveillait plus l'entrée, il était étendu dans la cour intérieure, criblé de balles et de coups de poignard. Et là, le miracle se produisit enfin : une espèce de brouette était jetée en vrac contre un mur, et elle semblait encore en état de marche. La jeune femme se jeta dessus, courant le plus vite possible pour la ramener dans la cour sans se faire remarquer. Le couloir était à peine assez large pour la laisser passer et elle dût forcer pour franchir le seuil qui débouchait dans le patio.

- Attention, je vais te faire bouger. Laisse toi faire, fit elle à son blessé à mi-voix, plus pour ne pas rester silencieuse que pour réellement lui parler, elle savait qu'il ne devait pas l'entendre.

Le greloche ne manifesta pas la moindre résistance et Alhyage le souleva comme un vulgaire sac de chiffons. Du mieux qu'elle put, elle le déposa sur la brouette en lui arrachant un nouveau gémissement.

- Pardon, j'ai fait de mon mieux !

Maintenant, il fallait le cacher. La nomade décida d'arracher la djellaba de plusieurs cadavres étendus et dissimula son patient en dessous. Elle avait conscience du risque qu'elle prenait, si jamais on la pinçait à traverser la station avec un blessé greloche dans une brouette, elle devrait essuyer tout un tas de questions et ça ne lui plaisait pas … Elle recouvrit avec soin tout le corps de l'inconnu , croisa un de ses bras sur sa poitrine et laissa l'autre tomber à moitié par terre, comme ça, elle aurait l'air d'une simple fossoyeuse trimbalant un corps jusqu'à la fosse commune et avec un peu de chance, on éviterait de la regarder. Alors qu'elle s'apprêtait à sortir du patio maudit, elle s'arrêta brusquement. Elle ne pouvait pas partir sans ses médicaments ! Alhyage récupéra la boîte qu'on devait lui confier avant qu'elle ne se fasse attaquer mais hésita encore à s'en aller. Il y'avait ici pas mal de substances qui pouvaient lui être fort utiles. Après une seconde de réflexion, elle se décida à effectuer une petite fouille dans les réserve des trafiquants mais elle devait faire le plus vite possible, le blessé n'attendrait pas !

- Ah mon chéri ! Lâcha nonchalamment Alhyage en entrant à la taverne et en s'approchant de la table où siégaient déjà Rek' et Eyrtonn. Désolée de couper court à la votre petit apéro mais je crois qu'il est temps d'y aller.

Elle se pencha vers Rek', lui déposa un bisou sur la joue et serra brusquement son épaule tout en lui glissant tout bas dans l'oreille.

- On a un problème, on va au Phampi, on reste discrets !

Puis, tout haut :

- Allez on rentre ! Ça vaut pour toi aussi Eyrtonn.

Bon dieu, comme ce discours sonnait faux ! Mais elle n'était pas vraiment d'humeur à faire dans la subtilité. Elle devait à tout prix éviter de crier à tue tête qu'ils avaient un gros problème sur les bras, ça attirerait mille fois trop l'attention. Alhyage sortit alors de la buvette, récupéra sa brouette et se dépêcha de prendre la direction de leur Phampi. Elle avait pris soin de cacher le bras du greloche qui pendouillait sur le côté une fois qu'ils étaient sortis du quartier mal famé et elle avait couru en plein soleil jusqu'à l'auberge. Et la voilà qui repartait déjà au pas de course vers leur caravane, suivie de loin par Rekonji et Eyrtonn. Elle adressa mentalement une prière au jeune blessé pour qu'il ne succombe pas ainsi, allongé sur la brouette et couvert par un tas de tissus sales qui avaient juste le mérite de le protéger des soleils cuisants.

Ne comprenant pas ce qui lui arrivait Rek mit un léger moment avant de réagir à l'interruption étonnante de sa femme, mais après une courte réflexion se résumant par « c'est ta femme, suit la » Rek paya, se leva en compagnie d'Eyrtonn et prit la direction de la sortie comme si de rien n'était. Surtout que pour lui « rien n'était » justement ; sa compagne avait débarqué au beau milieu d'un bar en lui sommant de retourner à la base, elle avait parlait d'un « problème » et était surtout très mal dans sa peau. Rek avait déjà pensé à ce qu'elle soit en manque d'amour et d'effusion de tendresse et qu'elle n'ait juste dans l'idée que de l'emmener dans le Phampi en tête à tête afin de faire comme un couple fait quand il a des problèmes. Mais le fait qu'Eyrtonn soit aussi convié ne lui avait pas plu. Elle ne comptait tout de même pas le faire participer ?
Rek chassa cette idée et repensa plutôt à ses compagnons.

C'est pourquoi, juste avant de sortir il revint vite vers le bar afin de demander au tavernier de rediriger ses compagnons vers le nouveau point de rendez-vous qu'était maintenant le Phampi.
En ressortant Rek eut la joie de découvrir que Alhyage trainait derrière elle une large et lourde brouette. Elle courait presque en trainant son paquetage et ne cessait de jeter des regards apeurés dans tous les sens. Rek la rattrapa et marcha à ses cotés un petit moment avant de plaisanter.

« Mais qu'est-ce que tu trimballes là ? Un mort ? »

Le regard glacial et sans émotions de sa femme lui coupa la parole et l'envie de plaisanter. C'était grave.

...

« Mais qu'est-ce que c'est que ça ?!? » S'écria l'éclaireur à la vue du corps inanimé dans le Phampi. « Non, mais franchement, qu'est-ce que c'est que ça ? »
« Je vais tout t'expliquer, ne t'énerve pas. » Lui rétorqua sa compagne.
« Bah j'espère bien !!! Tu nous ramènes un mort … Greluche qui plus est et tu voudrais que je reste calme ? Que je regarde ce corps en me disant qu'il fait une belle décoration ? Qu'on l'adopte et qu'on en fasse un super animal de compagnie ? Mais qu... »
« Il m'a sauvé la vie ! »

De ses simples mots Alhyage cloua le bec de Rek et elle put reprendre afin d'expliquer clairement la situation. Elle raconta comment elle avait cherché ses médicaments, où elle les avait cherchée, comment la négociation avait mal tournée, de quelle manière le preux Greloche l'avait sauvé et comment il était tombé au combat.

« Et je pense que lui sauver la vie serais un juste retour de choses. » Elle laissa en suspend son épopée et passa un regard quémandeur sur son auditoire composé de Eyrtonn, Rek … et ce mystérieux Greloche inconscient. « Non ? »

5 minutes auparavant l'homme était un cadavre dérangeant et pestilentiel aux yeux de Rek. Maintenant il était le héros salvateur qui avait fait de sa femme une femme vivante.
Il mit alors sa main sur son menton et le frotta en faisant mine de réfléchir, mais au fond de lui l'éclaireur adressait une bonne centaine de remerciements divers et variés à cet être tout en priant tous les dieux possibles et imaginables.

« Tu as raison il faut le guérir. »

Alhyage ne se fit pas prier. Elle prit le corps et commença ses soins. Et tandis qu'elle s’affairait à sauver l'homme Rek se tourna vers Eyrtonn.

« Je pense qu'il va falloir quitter la Station d'ici peu ou au moins s'en éloigner. Avertit les autres et préparons-nous au départ. »

Et c'est ainsi que commença une drôle d'histoire pour notre troupe. On installa le phampi en périphérie de la ville et le greloche fut révélé à chaque membre de l'équipage. Accepté ou non il fut guéri du mieux que put Alhyage, mais ne se réveilla pas pour autant ; un lourd sommeil le tenait et rien, ni personne n'aurait put le réveiller.
Les ennuis suivirent de près l'arrivée du blessée. Les corps des dealeurs furent vite retrouvés et par on ne sait quelle manipulation de l'information le sauvetage d'une cliente des bras malsains de drogués fous devint un carnage de « bons et nobles revendeurs de médicaments ». On chercha alors les investigateurs d'une telle boucherie ; une analyse des sangs présents sur les lieux mit même à jour la présence d'un greloche au sein de la Station-3333, renforçant ainsi la tension.
Et c'est dans cette ambiance, chaleureuse, tendue et suspicieuse que la troupe vogua. Prendre le chemin du désert serait du suicide autant pour le phampi et ses occupants qui n'avaient pas fini de réapprovisionner que pour le greloche au bord de la mort, mais rester proche de la Station où tous le monde se regardait maintenant de travers ressemblait aussi au suicide.
Seulement un Phampi en périphérie fermé jour et nuit, habité par des personnes douteuses ne laissait pas indifférent. C'est pourquoi, à l'aube du 3ème jour Rek annonça le départ dans la soirée :

« Nous ne pouvons pas rester plus longtemps ici. J'ai vu plusieurs personnes tourner autours du Phampi et on m'a déjà fait plusieurs remarques en ville. On reste encore une journée et on s'en va. »

Il prit ensuite le chemin de la sortie et parcourut une nouvelle fois la Station.